Gravier sur le plongeoir

François Cérésa a fondé, et dirige depuis 2008, le mensuel…
Le gars n’y allait pas avec le dos de la pelle à tarte. Il écrivait dans un mauvais quotidien, “Le Matin de Paris”, où il y avait de bons journalistes, et signait une bonne rubrique “Elle court, elle court… la nuit”, où il y avait de mauvais cons. On rigolait. Christine Ockrent et Anne Sinclair se faisaient aligner, Frédéric Mitterrand chantait sur un trapèze travesti en Lana Turner, Angelo Rinaldi se faisait offrir une bouillotte à deux places, Elkabach en prenait pour son grade, Roger Hanin était ridiculisé, Ève Ruggiéri avalait sa clé de sol, Drucker était déjà là.
Années 80. Jean-Michel Gravier nous amusait. Avec sa tête de champignon atomique sorti d’un pot-au-feu de stars, le Gravier n’était pas un gravillon. Dans “Elle court, elle court, la nuit” (Écriture), on retrouve le zébulon du Palace à la machette et à l’encensoir : enthousiaste, insolent, talentueux, nostalgique. À l’heure où nos journalistes fast-food n’ont plus rien dans la chaudière, il est juste et bon de relire Gravier. Ses chroniques secouent le cocotier. Il n’y avait pas de Hollande pour beurrer le plongeoir. Salut, Gravier. Il est mort en 1994. Comme Jackie Kennedy.
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François Cérésa a fondé, et dirige depuis 2008, le mensuel de l’actualité romanesque « Service Littéraire », Le Journal des écrivains fait par des écrivains. François Cérésa est journaliste. Il a dirigé le Nouvel Observateur et rejoint Le Figaro. Il est critique gastronomique, chroniqueur sportif et écrivain. Il a reçu de nombreuses récompenses pour ses romans : les prix Paul-Léutaud (La Vénus aux fleurs, Robert Laffont), Jean-Freustié et Charles-Exbrayat (La femme aux cheveux rouges, Julliard), Joseph-Delteil et Quartier-Latin de la Ville de Paris (Les amis de Céleste, Denoël), Cabourg (Les moustaches de Staline chez Fayard).