Les culs d’ail se mélangent les tripoux

Numéro 95 – Gastronomie
Non seulement on ne peut pas réserver, mais en sus, mes friponnes, on se gèle les frangines sous l’abri puces. Au Comptoir du Relais, c’est batouse, du nanan dans la cage à pain, c’est entendu, mais pour concubiner de la sorte avec des bolos sur une table grosse comme une soucoupe, faut vraiment avoir envie de se décrotter à la mode, debout, à genoux, pourquoi pas sur les pognes, comme Godard, histoire de se pinocher le bilan de santé. Dans la foulée, afin d’avoir un trou dans le coco, on se fait polker les gencives avec l’os à moelle aux châtaignes, la terrine de boudin noir, les chipirons mousseux, la brandade, la joue de bœuf au vin rouge, mais pour le confort, zobi mon crémeux, tu peux t’accrocher les girolles autour du Saint-Jean-de-Luz, t’auras toujours le schpatche au bouillon. Obligado il y a beaucoup de citrac autour du procédé, Yvon a pigé la vape, il vous refile un terroir béarno-basque à la sauce bobo, sous l’égide d’une Cruella qui vous ponctionne à l’écritoire. Avec les rouquinos qui cartonnent (30 € pour un petit Richaud), les culs d’ail se mélangent les tripoux dans le sac à biscuit. Que demande le king ?
Le Comptoir du Relais, 9 Carrefour de l’Odéon, 75006 Paris,
01 44 27 07 97. Carte : 60 €.
Dans le genre pyrénéen et velu de la barrique, tu-tute comme on disait à l’école pour klaxonner, nous voilà rue Rossini, en pleine pie voleuse, tu-tute ! (et pas turlutte !), chez Manu la télé, un gars qui a de l’écran, qui en pince pour le foie gras, le calamar, le lomo de morue, la poitrine grillée et la côte de bœuf. Tu-tute, on peut se faire la corrida complète, avec banderilles dans le wagonnet, mufflée rustique, charibotée de picadors dans le mulard à plancha. C’est criquon ma criquette, de la chique maousse costaud, tu-tute, un p’tit coup de jésus dans la serrure à trois trous, pour que la tanière du bigourdan Maquaire vous farcisse la saucisse au piment d’Espelette et aux pimentos del piquillo. Bref, une grotte de nounours à vous arracher les poils du transistor ! Tu-tute !
La Tute, 7 rue Rossini, 75009 Paris,
01 40 15 65 65. Carte : 50 €.
Juste avant le mont Martre, dans cette rue chantée par Montand (rue Lepic, rue Lepic !), où Bruand se saucissonnait la flûte à un trou, ou la Galette se tapait le poulain, il y a la Pomponnette (beaucoup plus marrant que le voisin Coq Rico), avec ses banquettes craspecs, ses dessins de Poulbot, sa tête de veau dans son jus qui foutrait les foies à un intello de gauche de saint Germain des pieds. On vous recommande tout particulièrement la côte de bœuf, mastarde et savoureuse, mieux servie que dans les birlingues à la noix du CAC 40 et des énarques de la bidoche (imagine-t-on ce gogol de Michel Sapin en train de s’engloutir une côte, sauf pour l’encanaillement de mise chez les loquedus de la politique ?), avec un Châteauneuf du pape à vous macaronner le père Frappart et ses deux adjoints. Il y a naturlich des fausses notes, des trucs trop cuits, des lenteurs, une renommée qui se fait reluire le morteau à l’eau chaude, mais allez-y mes ratichons, il y a des abbesses, du jupon, un charme à la Raimu où les escargots cognottent la chèvre de Monsieur Seguin, et où croyez-moi, entre ris, rognons et crânes d’œuf, vous ne l’aurez pas dans le fût.
À la Pomponnette, 42 rue Lepic, 75018 Paris, 01 46 06 08 36. Carte : 65 €.
Si vous traînez dans le quartier des requins en aquarium, aboulez à l’Arôme, c’est du sent-bon sur les bignes d’un putois. Saint Thomas s’est mis au Boullault, il joue sur le doux amer, dans un cadre very cosy et du micheton badour. Les babouins ont des babouines, les sagouins ne sont pas des gouines. Vous voyez un peu le Meccano ? Entre les couteaux et le turbot, on a les frileux qui jouent aux quatre coins. Dis-moi ton look, vieille bique, je te dirai ton book ! Ben oui, Raymond, si tu oscilles du pépin grâce au pigeonneau farci comme un chifforton, c’est que tu réalises que le chef a un macaron au Michelin, et c’est légitime, vu qu’entre le carré de veau, les langoustines au beurre d’algue, le cabillaud au speck du Tyrol (tralala itou !) et le pressé de tourteau à la gelée de tomate, c’est la fête aux papilles de la Nation ! Alors, Raymond, t’es en éventail ?
L’Arôme, 3 rue Saint-Philippe du Roule, 75008 Paris, 01 42 25 55 98. Menus : 99 €, 155 €.