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Ce que Pierre-Robert Leclercq pense de l’ENA

Ce que Pierre-Robert Leclercq pense de l’ENA

Je sais trop bien le mauvais rôle qu’on voudrait ici me faire jouer. Celui de colporteur de brèves de comptoir assaisonnées du populisme des copains coquins. Notant que toute critique ne relève pas de ce comptoir, je suis ravi de jouer ce rôle. Michel Debré n’entrera peut-être pas dans l’Histoire pour avoir été le premier Premier ministre de la Ve ou pour avoir fondé “Le Courrier de la Colère” afin de garder l’Algérie française par tous les moyens, mais peut-être pour avoir repris, en 1945, le projet inabouti de Jean Zay, jeune ministre du Front Populaire. L’un l’a rêvée, l’autre l’a faite, l’école nationale d’administration. But annoncé, former les hauts fonctionnaires – et non des hommes politiques.

Las ! Engendrée par un politique pouvait-elle accoucher d’autres choses ? Si, depuis 69 ans, nous n’avions pas d’éniens, nous ne nous en porterions pas plus mal. Leurs résultats, globalement pas positifs, ne sont pas étrangers à l’excédent de politi (ciens ou cards) que cette école a injecté dans la société. La haute fonction n’a pas rassemblé et ne rassemble pas que des incapables mais les meilleurs de naguère l’étaient sans école et les meilleurs d’aujourd’hui le seraient sans le label qui incite à la vindicte. N’en déplaise au cher Cyrano, ce n’est pas bien plus beau lorsque c’est inutile.
P.-R.L.

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