Lecture du moment
La femme parfaite est-elle une connasse ?

La femme parfaite est-elle une connasse ?

Un manuel poussif et vulgaire à l’usage des idiotes qui se la pètent.

Un succès de librairie n’étant pas chose courante en ces sombres heures de crise économique, j’ai acheté l’ouvrage suscité dans un esprit à la fois pragmatique – comprendre ce qui se vend – et bienveillant – m’amuser des travers féminins, tant il est vrai que le titre provocateur du livre et son sous-titre alléchant, Guide de survie pour les femmes « normales » – me laissaient caresser l’éventualité de goûter à travers ses pages un propos drolatique et corrosif comme je les affectionne.

Las, à défaut d’alacrité et de causticité, c’est de suavité rebattue et convenue dont il est question dans ce petit manuel (150 pages poussives dont certaines ne comportent pas plus de trois mots !), structuré – on comprendra combien le terme est ici impropre – autour de trente règles, censées déculpabiliser les femmes de ne pas être à la hauteur de leur propre rêve et leur donner, en compensation, quelques « clés pour réussir leur imperfection ».

Petit florilège de ces règles qu’on attendait truculentes là où elles sont aussi ineptes que dépourvues du second degré ambitionné : « On assimilera que PERSONNE ne sait appliquer un autobronzant correctement » (règle n° 11), « On n’achètera plus de fringues en 36 alors qu’on fait un 40, parce que la vendeuse nous a regardée avec un air de défi » (règle n° 13), « On arrêtera de dire : « lundi en 12 », tout ça parce qu’on n’a jamais compris l’expression « lundi en 8 » (règle n° 14), « On arrêtera de crier : Hey ? Tu veux voir ma chatte ? en brandissant une photo de son chat » (règle n° 15)… Effrayant, n’est-ce pas ? Rassurez-vous, j’arrête là.

Voir également

Chacun aura saisi l’idée sous-jacente de ce brillant opus : confiner la femme dans un rôle de bécasse archivulgaire, de surcroît décérébrée, parlant chiffons et sexe à ses heures. Sexe mou, devrais-je aussitôt préciser, car selon le bien triste constat de la page 127 : « Les hommes ne bandent plus », paraît-il. Gageons que nous n’avons pas rencontré les mêmes, mesdames… Mais je dis sans doute cela parce que je suis une vraie femme parfaite !
C.D.

La femme parfaite est une connasse, Anne-Sophie et Marie-Aldine Girard, J’ai Lu, 157 p., 5 €.

Voir le commentaire (1)

Laisser une réponse

2020 © Service littéraire, tous droits réservés.