De Caillebote au Mur d’Argent

Caillebote est un mécène, un peintre sensible à la vie populaire de la fin du XIXe siècle qui a signé “Les raboteurs de parquet”, ce qui fait une moyenne avec Caillebote, un restau tout neuf, à l’usage des daims huppés, qui sont des radoteurs de magret. Plutôt michto, la vape. On veut dire par là que cet estanco tout ce qu’il y a de choucard, à vous faire pioupiouter du cigare à moustaches, basé dans le quartier du vice, à Pigalle, déco tape-au-gland et serveuses qui chaloupent des noix, est vraiment conçu pour jardiner le lavedu, style petits machins aux petits trucs, trois bouts de seiche qui se battent en duel dans une salade, une barbaque plutôt honnête, certes, mais grosse comme un steack de musaraigne, et des rouquinos à décoiffer des boules de billard, autrement dit à dévaster le crapaud, comme ce Scamandre à 47 €, slalomant entre le scolopendre et Samarcande. On dit ça parce que le menu à 35 €, honnête, tout ce qu’il y a de transpoil, à bien y borgnoter, est farci de suppléments, pour un peu qu’on aspire au supérieur, au produit de luxe ou au chiadé. On l’a pigé, dans ce birlingue impressionniste où les repasseuses de Degas déjeuneraient volontiers sur l’herbe de Manet, voire le gazon maudit, c’est le look avant tout, la poudre aux quinquets, la bectance minceur de rigueur, le requiem des burlingues et le Te Deum des gros buffets. Franchement, pas le nirvana.
Le Caillebote, 8 rue Hyppolite Lebas, 75009 Paris. 01 53 20 88 70. Menu : 35 €.
Dans l’univers saignant de la bidoche sur pattes, on veut parler de Saint-Christophe-en-Brionnais, deuxième marché aux bestiaux en France, royaume du Charolais, il n’y a pas un estaminet digne de ce nom à cent lieues à la ronde, avec cuistot de l’aloyau, élève de Troisgros ou étoilé en devenir. Le vide monstrueux. L’attaque au cinoquet tout ce qu’il y a de plus vertigineux. On ne déniche que du tout-venant. De l’ordinaire. Grattons, têtes de veau, entrecôtes, filets qui filent bessif. Bref, la grosse cavalerie. Faut voir les sous-tasses qui s’arsouillent. Graduc qui trinque avec Baduc, couperosés, soiffards, avec kil meurtrier, demi-kilo dans l’écuelle qui se prépare à descendre illico dans le placard pour jouer à qui perd gagne avec de vieux copains lipidiques. Cela dit, sur la place du champ de foire, on se lève tous pour le Mur d’Argent ! Pourquoi le Mur d’Argent ? Parce que jadis un mur séparait les acheteurs des vendeurs au-dessus duquel on traitait. Ça maquignonnait dans le flanchet, il y avait la parole donnée, on la topait. Et au-dessus du mur, on envoyait la soudure. Et tous s’écriaient à l’instar de nos politiques pourris et corrompus : « Il n’y a que la maille qui m’aille ! » Quoi qu’il en soit, mes rougeauds, billez au Mur d’Argent, vous vous taperez votre lolo, buffet à volonté et maxi faux-filet à la sauce coco, longue vie à la morille, le mohican se barre en vrille ! Obligado, c’est de l’authentique, r qui roulent, servante jeune et gentille, pas de menu qui enfume, Madelon de la jonquille, pisseuses de côtelettes aux miches qui fument. La viande, c’est le mouvant bien ferme, l’araignée dans le plafonnard, la bavette qui se taille, l’onglet qui débarque. Un flan du diable, bon Diou de bon Diou !
Le Mur d’Argent, place du Champ de foire, 71800 Saint-Christophe-en-Brionnais. 03 85 25 81 31. Carte : 20 €.
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