De la grenouille pour des crapauds

C’est bien le hasard qui nous a conduis Juju et moi chez ce Vieux Crapaud qui plombait une chouille le foiron et l’aïoli de cabillaud. Juju voulait me faire avouer sous la torture mon goût de la grenouille, j’avais la pince à sucre dans le crapouillot. Avouer, ou plutôt faire avouer, rue Lauriston, c’était le taf de Bonny et Lafont, les deux affreux de la Carlingue qui ont fini avec quelques bastos dans le têtard. Quand même, blazer sa canfouine le Vieux Crapaud, avouez que ça fait dégorger de la bave à la surface de l’eau ! Eh bien non, camarades amphibiens et verruqueux, aboulez vos pattes de derrière chez Thomas Boutin (qui n’est pas le frangin de la grosse Christine) et venez chez ce disciple de Thierry Breton qui vous régale l’escargot avec la joue de bœuf et l’oreille de cochon, sans ajouter d’épices à la gratte-moi-l’œil-de-Gabès, de celles qui encombrent les menus d’aujourd’hui et le circuit d’évacuation. Bref, chers crapauds, pintez chez Boutin, il vous le dira : tiens, voilà du Boutin ! Et vous engrainerez une tortore roborative, avec terrines comaques et cochon à la sauge !
Le Vieux Crapaud, 16 rue Lauriston, 75016 Paris, 01 73 75 70 10. Carte : 60 €.
Tu vas chez Ly ? Chez qui ? Chez ma ? Non, chez ta. Tu as une bonne descente chez Ly ? Quoi, une descente de Ly ? Putain, Raymond, lis de plus près, t’as les yeux qui se croisent les bras ou quoi ? Chez Ly, tu te farcis une soupe de gambas au lait de coco et t’as le starter à fleur de Ly, avec les crevettes au curry et la sole au poivre. Ly, contrairement aux apparences, est chinois et thaïe. Pour bien faire son Ly, il faut suivre les conseils de Madame Ly et coucher sous la couette le filet de bar grillé ou l’excellente côte de veau au poivre sauce thaïe. Avec un peu de thé vert façon Lily (Wong ?), tu te sens chez toi et un peu chez Ly. Ce n’est pas du velours, ça ? Vais ma !
Chez Ly, 8 rue Lord-Byron, 75008 Paris, 01 40 53 88 38. Carte : 40 €.
On le voit à la téloche, genre fleur d’astibloche, accent pâté périgourdin, un macaron au Michelin. Ce pur produit odieux-visuel a racheté Sainlouis, rue du Dragon, pour monter au beurre les vilebrequins. Juju et moi, on y allait en se fendant la tirelire, tu vas voir le Cyril, on va l’a-Lignac quelque chose de comac ! Et puis en goûtant l’émietté de tourteau en salade, le ris de veau aux carottes (parfaitement cuit) et le black cod (morue du Canada) au gingembre, on a chanstiqué notre soufflant à tirer dans les coins, pour la bonne raison que c’est bon, pêché à la Lignac avec justesse, bien servi et pas trop casse-crapaud. Vas-y, ma grenouille, éclate-toi le nénuphar avec le rasteau La Collière, va rue du Dragon chez ce Saint George de l’escalope sur une salade (contrepèterie ?) et tape-toi la châtaigne avec ce merlu rôti à l’asperge (d’Argenteuil, dite hâtive !) qui va te cloquer ze berlingot in ze coquille. Et en plus de ça, ce n’est pas le coup de bubu. Quel vinyl, ce Cyril !
Le Chardenoux des Prés, 27 rue du Dragon, 75006 Paris, 01 45 48 29 68. Menu : 39 €.
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Numéro 81 – Février 2015 – Papier
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