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Delacourt trop long

Delacourt trop long

Avec plus de 450000 exemplaires vendus pour “la Liste de mes envies”, Grégoire Delacourt peut se vanter d’avoir le sens des chiffres. Côté lettres, c’est là que le bât blesse… Ce qui explique peut-être cette ultime pochette-surprise. Sa dernière trouvaille ? La confession d’Antoine, un assureur qui a bien failli tuer sa fille. Fort heureusement, la victime s’en sort, ou du moins à peu près, ce qui donne à Delacourt l’idée d’évaluer avec chiffres à l’appui petits et grands moments de l’existence. « Une vie, et j’étais bien placé pour le savoir, vaut entre trente et quarante mille euros. (…) Entre trente et quarante mille euros si vous vous faites écraser », nous dit-on d’emblée. Bon an mal an, l’inventaire se poursuit. À force d’indemniser la vie des autres, notre assureur repenti se met à ratisser large…

Premiers atermoiements, premiers rendez-vous manqués… Tout y passe… Dans le registre « Allo maman bobo », Delacourt racole plus vite que son ombre. Heureusement, ce piège à gogos ne dure qu’un temps, puisque la première chose qu’on regarde chez un écrivain, c’est le style. Or, la vraie fausse familiarité, adoptée ici, sent le préfabriqué et cette intrigue cousue de fil blanc ne réussit décidément pas à notre expert en bons filons. Dommage que Delacourt n’ait pas prévu, en cas d’indigestion littéraire, d’indemniser son lecteur… Qui plus est, ses formulations à l’emporte-pièce ont très nettement tendance à mépriser un public qu’il sait conquis d’avance. Rien que pour ça, on a hâte de passer sa route.
V-M. M.

On ne voyait que le bonheur, de Grégoire Delacourt, Jean-Claude Lattès, 360 p, 19 €.

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