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Fabrice del Dongo chez Dracula

Fabrice del Dongo chez Dracula

Une page sombre de l’histoire roumaine bâtie comme un roman d’espionnage.

 

À l’heure des premiers craquements en Europe de l’Est, un étudiant londonien « choisit la Roumanie de Ceaucescu pour faire sa première expérience de la liberté », ou, plus crûment, « faire du tourisme chez les sous-développés pendant son année sabbatique ». Dans ce pays à bout de souffle, une minorité se goberge. La différence entre les révolutions et les dictatures qu’elles engendrent, c’est que dans celles-ci, les purs qui survivent se muent en opportunistes. Chargé de cours à l’université de Bucarest, notre ingénu découvre un univers irréel, mi-Orwell, mi-Kafka. Chacun espionne tout le monde, se livre à des luttes d’influence, à une corruption et un marché noir effrénés.

 

Le Conducator, son régime, sa famille, ses sbires, sont tout à la fois effrayants, odieux, ridicules, vulgaires : « On peut abolir les différences de classe, mais curieusement, elles ressortent toujours à table » observe un opportuniste avec un écœurement distingué. Le Père Ubu des Carpathes rase la vieille ville et s’édifie un palais plus dément que les châteaux de Louis II de Bavière. Le peuple gronde. Soudain, tout bascule. On connaît le résultat à Noël 1989 : pour le couple Ceaucescu détrôné, une volée de plomb dans le buffet ; pour leurs vainqueurs, une reconversion à la sauce sociale-démocrate.

P.A.

 

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Les cent derniers jours, de Patrick Mac Guinness, traduit de l’anglais par Karine Lalechère, Grasset, 495 p., 22 €

 

 

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