Foenkinos le pervers
David Foenkinos vient de publier le livre le plus triste de l’année, et c’est un euphémisme. Soit une famille juive allemande ravagée par le suicide bien avant l’arrivée d’Hitler au pouvoir. L’avènement du Führer n’arrange rien. L’horreur nazie enfonce les survivants dans leur désespoir génétique ; la solution finale renforce leur propension à en finir avec la vie. Qu’imaginer de plus atroce que le destin de ces malheureux, Charlotte en tête, qui est peintre et ultra-sensible ? Avançant dans le récit on ne cesse d’espérer, non pas du tout une fin heureuse, la naïveté a des limites, mais enfin quelque éclaircie, car les personnages sont touchants.
Gallimard s’est trompé de collection. La Noire eut mieux convenu que la Blanche. La facture de “Charlotte” soutient efficacement la désolation dont son auteur a voulu l’imprégner. David Foenkinos a choisi le registre de Cendrars dans “La Prose du Transsibérien”. Il a composé un long poème libre – dont les phrases sont plus courtes que celles de Cendrars, six à huit mots, une demi-ligne pour la plupart avec des points et quelques virgules. David Foenkinos est un grand pervers.
E.D.
Charlotte, de David Foenkinos, Gallimard 221 p., 19,50 €.
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Numéro 77 – Octobre 2014 – Papier
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