Histoire d’étourdir le morceau

Avant, c’était les Olivades, un restau merdique où l’on se regoubillonnait les chambrières avec du moisi. Depuis l’arrivée de Paul-Arthur, vas-y Paulo, c’est du choucard, Arthur, qu’as-tu fait du corps, banco ! c’est le biniou dans le colbac. Eh oui, l’Escudella, « l’Assiette » en occitan, est un estanco qui va faire parler de lui. On vous le cloque bessif : c’est bon, c’est fin, c’est inventif. Le jeune chef méditerranéen, Paul-Arthur Berlan, presque un Berlan d’as, maîtrise bien son sujet. La terrine de colvert, le canelloni de tourteau ou l’œuf mollet croustillant, ce à quoi on peut ajouter le mirobolant pied de cochon avec sa gribiche aux fines herbes, sont des entrées qui taquinent la marmite au niveau du starter. On chante Rigoletto, on se becte les doigts, on se donne quelque chose sur les joues ! Pour étourdir le morceau, il faut poursuivre avec le merlu de ligne, l’inévitable lieu jaune (bof) ou le super ris de veau cuit au sautoir, avec cèpes et câpres. Pour finir, un bon petit Paris-Carcassonne, un succédané de Paris-Brest qui vous tirebouchonne le velours, et là, c’est parti mon zobi, on aboule des papilles ! Comme dirait l’illustre Petit Peugeot, bravo l’artiste !
L’Escudella, 41 avenue de Ségur, 75007 Paris, 09 82 28 70 70. Carte : 45 €.
Histoire de se faire frire le merlan, on peu opter pour le néobistrot, truc fooding à la croque-moi-le-monsieur, dans le style tu me grignotes les encornets pendant que je te grille le tartare. Vous l’avez pigé, Albion, c’est du perfide. Les deux barbenzingues qui manipulent les cordons, Clout et Ong, sont néo-zélandais et rosbif. C’est le restau préféré de Mimi la fugueuse, une reine de la mode coiffée comme un joueur de foot, douillons jaunes et lunettes à la Jean-Pierre Coffe, qui n’en croque que pour le poulpe de Galice, la saucisse de Modène, les lentilles au chorizo et le Stilton qui rougnotte. Nous, ce n’est pas notre lolo, mon cher Fish. Le bobo en church’s peut y trouver son penny, notamment avec le gras foie au torchon (microscopique), la joue de bœuf au raifort (pas mal), le tout arrosé d’un cairanne à 32 €. Why not. Mais faudrait forcer une chouille sur les porcifs, messieurs les aubergistes. Nous, après le rugby, on a les quenottes comme des baïonnettes de All Blacks ! Haka qui rit !
Albion, 80 rue du Faubourg-Poissonnière, 75010 Paris, 01 42 46 02 44. Carte : 45 €.
Les trois salles de ce rade Napoléon III nous chuchotent qu’on va se morbaquer un frichti tout à fait michto, avec vide-goussets et riflards au coude à coude, Colette et Eisenhower en prime. Eh bien on se goure, fillette, on se goure ! Le bif des lieux, le grand Williamson (comme l’évêque intégriste), expert en boutanches mais pas en sourires, et son chef, proposent une jaffe bien mise en scène, avec beaucoup de petites choses et beaucoup de petits trucs. On suit la mode, maille que maille, avec l’œuf mollet et les champignons des sous-bois, la tranche de longe de veau aux cèpes, et le palet de chocolat Guanja au shiso vert (une feuille velue du Japon qui n’a rien à voir ici), mais tout cela n’a pas beaucoup de saveur. Ici, près du Palais-Royal, c’est la grosse déception qui vous argougne aux culbuteurs, même si les flacons, sans atteindre l’Everest, nous mènent à l’ivresse. Moralité : Macéo, c’est plutôt macé bas !
Macéo, 15 rue des Petits Champs, 75001 Paris, 01 42 97 53 85. Menus : 35, 39, 48 €. Carte : 70 €.