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Lazare, lève-toi et mâche !

Lazare, lève-toi et mâche !

fourchette

On connaît les cassos du CAC 40, sciencepotards et autres, nippés Fox et tuyau de poêle, langage globish, larfeuil bien feuilleté, qui s’écrient à tout bout de champ : « C’est une tuerie ! » Vous allez me dire, hé, Julot, tu fais ton ronchon, t’as le gingin de traviole, tu te mordilles les roustons. Eh bien non, je persiste et je signe, ces moules à gaufres m’irritent le duodénum. Et là, chez Fréchon, le trois macarons du Bristol, à côté de la gare, histoire d’avoir de la suie dans les idées, ils tiennent le haut du rail, les globos, contents d’eux et guiguite dans le plafonnard, joices de plastronner dans le bois, le cuivre et le cuir, l’arrière-train sifflant trois fois, direction Paris-Deauville, avides d’œufs mimosa, de quenelles de brochet, de moules à la crème (un délice), de sole à la dieppoise et de cailles à l’embeurrée de chou. Cosy, l’estanco. Et bonnard. Il paraît que c’est destiné aux mémés de la capitale, avec grenailles dans le culbuteur et flan aux œufs dans le Sloggi. Tu bandes, Fernande ? C’est parti, mon zizi ! Au Lazare, Jésus s’appelle Fréchon, Normand pur calendo, avec un seul mot d’ordre : « Lève-toi et mâche ! » Dans ce hall de gare branché, déco tape-au-zob et effervescence TGV, on admire les pots rangés dans des casiers, style campagne, vas-y Maurice, ouvre la bouche et ferme les yeux, c’est comme à la ferme. Mention spéciale au céleri rémoulade à la pomme verte et à l’entrecôte de veau aux morilles. Le Fréchon n’a pas de calva dans la penseuse. Service rapide, pain au poil, vin un peu cher, par ici mes frères, Big Brother conduit la motrice, on fait reluire la guenon, tchou, tchou !

Lazare, Parvis de la gare Saint-Lazare, rue Intérieure, 75008 Paris. 01 44 90 80 80. Menu : 35 €. Carte : 80 €

Quand vous déboulez dans le bastringue, vous pensez que vous allez tomber sur Dar l’invincible himself, un acteur nommé Marc Singer, blond body-buildé au regard de King crabe, moitié loilpuche, le biceps baba et le torse Toblerone. Big mistake, bothers. Le dab s’appelle effectivement Marc Singer, mais il n’est ni Dar ni dare dare, il a œuvré jadis avec le grand Jacques Manière au Dodin Bouffant (Singer, l’ami sincère !), raison pour laquelle ce Ricain au sourire en guidon de Harley a surblazé son restau le Dodin. Bon, on ne va pas morpionner du chinois dans le tourniquet, Singer a l’art, mais pas le Manière. Salle vide, accueil Findus, rouquin toc, fleurs de courgettes annoncées à la truffe, mais sans truffes : impossible de bagouler dans l’encensoir. La tête de veau qu’on m’a fait payer au prix de la vollaille de Challans et la joue de bœuf sont parfaits, ok. Mais no more. Le Vacqueyras 2009 est quand même à 48 €, la daronne a le sex-appeal d’une Angelina pas Jolie, le fromegi a du retard à l’allumage et la déco a du Harpic sous les ailerons. Vous avez pigé, amis du pontife et de la cage à pain, ce Dodin n’a rien de bluffant, et encore moins de bouffant.

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Jean-Pierre Billoux

Le Dodin, 42 rue des Acacias, 75017 Paris, 01 43 80 28 54. Menu : 35 €, ; Carte : 85 €.

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