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Le film du mois : « 2 automnes 3 hivers » de Sébastien Betbeder

Le film du mois : « 2 automnes 3 hivers » de Sébastien Betbeder

Bonne résolution. Pour ses trente-trois ans, il décide de courir chaque jour dans le parc en bas de chez lui. L’avantage du jogging, c’est qu’on bouscule des inconnues en survêtement. Voilà comment Arman (sans d) rencontre Amélie. Cela finira à l’hôpital. Les histoires d’amour commencent mal, en général. Le film est brouillon, marrant, d’une justesse sans pareille. Il est découpé en chapitres amusants. Il y a des voix off. Les personnages s’adressent à la caméra. Tout cela très nouvelle vague, mâtiné de Woody Allen. Le mélange fonctionne. Le héros est un grand timide. Il invite la fille chez lui parce qu’il a un frigo. Cela donne lieu à un dîner un peu trop arrosé. Arman ressemble aux dessins de Sempé. D’ailleurs, il vient de Bordeaux. À la caisse du supermarché, il tombe toujours sur la mauvaise file. Son ami Benjamin n’est pas plus avancé que lui. Quand ils retrouvent une copine des Beaux-Arts, elle leur apprend qu’elle est devenue lesbienne.

Ils ouvrent une bouche toute ronde. Un soupçon de romantisme moderne règne sur ces images où l’on croise “La salamandre” et “Funny people”. Il est aussi question de Koh-Lanta et de mineurs chiliens. On part à la montagne. Un cousin suicidaire se promène avec un fusil. On tire sur un lapin blanc. La soeur est entrée dans une secte. Les demoiselles s’aperçoivent qu’elles sont enceintes, mais elles se gardent bien de l’annoncer. Les garçons ont des AVC ou reçoivent des coups de couteau. La vie circule dans ces séquences enlevées, naturelles. Vincent Macaigne trimbale sa dégaine de loser qui perd ses cheveux. Il a du charme. C’est la qualité principale de cette chronique qui déboule comme un chiot dans le paysage du cinéma français. On n’était plus habitué à une telle liberté, une décontraction de tous les instants. Comment résister à des gens qui chantent du Moustaki ou du Michel Delpech. Nous, on prend. À 100 %.
E.N.

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