Mon ami Piero

François Cérésa a fondé, et dirige depuis 2008, le mensuel…
Piero Chiara est connu pour être un maître de la comédie italienne. Alberto Lattuada s’est inspiré de son “Trigame” pour tourner “Venez donc prendre le café chez nous”. C’était drôle, bien mené, dosé à la réplique près. On se disait que Chiara était un sacré loustic. On se trompe. Piero Chiara, né en 1913 et mort en 1986, est un tragique. Quand on est d’origine lombarde et sicilienne, c’est la moindre des choses. Je connais. C’est mon cas. De toute façon, un homme qui a traduit Saint Jean de la Croix n’est pas ordinaire.
Pour Leonardo Sciascia, Chiara était un intense. Dans “Face contre terre” (réédité par l’excellent Pierre-Guillaume de Roux), un roman qui est l’histoire d’une certaine Sicile, Chiara joue de l’intensité. Il remue ses racines, le réel, l’imaginaire, le temps, l’éternité, l’enfance, la vieillesse. Son père, Eugenio, est magnifique. Lui, en retrait, est épatant. On découvre la Sicile grecque, arabe, normande, française, espagnole, autrichienne. Un pays à la lumière soufrée où circulent tous les fluides du monde. Un pays où il y a « des impressions et des sensations que le temps, après nous les avoir accordées, se dépêche de cacher dans l’épaisseur de la mémoire ».
F.C.
François Cérésa a fondé, et dirige depuis 2008, le mensuel de l’actualité romanesque « Service Littéraire », Le Journal des écrivains fait par des écrivains. François Cérésa est journaliste. Il a dirigé le Nouvel Observateur et rejoint Le Figaro. Il est critique gastronomique, chroniqueur sportif et écrivain. Il a reçu de nombreuses récompenses pour ses romans : les prix Paul-Léutaud (La Vénus aux fleurs, Robert Laffont), Jean-Freustié et Charles-Exbrayat (La femme aux cheveux rouges, Julliard), Joseph-Delteil et Quartier-Latin de la Ville de Paris (Les amis de Céleste, Denoël), Cabourg (Les moustaches de Staline chez Fayard).