Monsieur d’Ormesson

François Cérésa a fondé, et dirige depuis 2008, le mensuel…
J’aime bien ce prénom. C’était celui de mon père. Jean était l’apôtre préféré du Christ. Il n’y a plus beaucoup de jeunes garçons qui se prénomment Jean. Ce Jean-là s’appelle d’Ormesson et vient d’écrire un beau livre intitulé “Un jour je m’en irai sans en avoir tout dit” (Robert Laffont). Entre récit et roman, il nous raconte ses parents, ses émois, ses lectures, ses admirations. Il aime les décapotables, les jolies femmes, les mots d’esprit. Mais tout se termine un jour. La seule vérité de cette vie, c’est la mort. On l’oublie parfois. Monsieur d’Ormesson n’oublie pas. Il sait que la vie est un chef-d’œuvre que Dieu ne nous laisse pas terminer.
Pourquoi mourir ? On n’a pas voix au chapitre. Il reste les souvenirs. La légèreté des bulles de champagne, les mémoires d’outre-tombe qui se ramassent à la pelle. Non, on n’a pas oublié. Et l’on oublie pourtant. Dans le flot de tous ces livres de la rentrée que personne ne lira, il faut lire celui de Monsieur d’Ormesson. On reconnaît l’adolescent que nous avons été et que nous ne serons plus. Monsieur d’Ormesson va mal. À la lecture de ce livre qui caracole dans la mélancolie, « ce bonheur d’être triste », comme disait Hugo, nous, on va bien.
F.C.
François Cérésa a fondé, et dirige depuis 2008, le mensuel de l’actualité romanesque « Service Littéraire », Le Journal des écrivains fait par des écrivains. François Cérésa est journaliste. Il a dirigé le Nouvel Observateur et rejoint Le Figaro. Il est critique gastronomique, chroniqueur sportif et écrivain. Il a reçu de nombreuses récompenses pour ses romans : les prix Paul-Léutaud (La Vénus aux fleurs, Robert Laffont), Jean-Freustié et Charles-Exbrayat (La femme aux cheveux rouges, Julliard), Joseph-Delteil et Quartier-Latin de la Ville de Paris (Les amis de Céleste, Denoël), Cabourg (Les moustaches de Staline chez Fayard).