Neuf de Pâques

Neuf nouvelles de Patrick Besson qui nous permettent de voir du pays.
Patrick Besson n’est jamais où on l’attend. Chroniqueur libre, romancier éclectique, polémiste et croqueur de stars, il est aussi un nouvelliste sensible, à fois drôle, vif, poétique. Témoin son dernier opus, où il nous offre neuf exemples de son talent. À Nice, une promeneuse mélancolique rencontre Nietzsche. Elle deviendra son amoureuse en secret et, peut être, la mère de son fils inconnu, se souvenant que l’auteur de Zarathoustra réclamait, pour lui, « la paix, l’oubli, l’indulgence du soleil et de l’automne », qui donnera son titre à ce recueil. À Mumbai, ex Bombay, un écrivain français raté chez lui, devenu best-seller en Inde, comprend que sa belle traductrice sikh revoit ses livres à sa manière et les embellit. À Londres, un professeur de philosophie rêve de la jeune chanteuse Rihanna et la séduit. À Londres puis New York, un prince Indien né à Milan jette son dévolu sur une joueuse russe qui gagne le tournoi de Wimbledon puis de Flushing Meadows. À Paris, une caissière rousse tue ses amants prénommés Patrick. À Bangkok, une ex-star TV qui fut le « septième présentateur préféré des Français », devient un anonyme amoureux étrange…
À Berlin, en 1942, un jeune officier allemand accueille les comédiens (et comédiennes) français en voyage et voit ainsi son destin changé. À Cancun, un professeur de français dialogue avec son père mort. Tandis qu’au Marché des Enfants Rouges, en lisière du Marais, un fils se venge de ses parents qui l’ont abandonné ou échangé… Bref, on voyage beaucoup chez Besson, en peu de pages, on s’amuse, on s’interroge sur son identité. On pose les questions, mais on n’attend pas toujours les réponses. Tandis que l’auteur égrène les aphorismes surprenants et ludiques : « Trente ans est le meilleur âge : c’est avoir vingt ans plus un salaire ». Ou encore : « les seuls écrivains dignes d’être épousés sont les écrivains de génie ». Bref, on ne s’ennuie jamais avec Patrick Besson.
G.P.
L’indulgence du soleil et de l’automne, de Patrick Besson, Fayard, 110 p., 13 €.