Prendre l’eau

François Cérésa a fondé, et dirige depuis 2008, le mensuel…
Une règle : quelques-uns nagent, beaucoup coulent, un seul surnage. C’est l’amour. La mer est abusive. Dans “La grande nageuse” (Mercure de France), Olivier Frébourg fait chavirer les rives. On fait la connaissance de la belle Gaëlle, puis de sa fille Marion, deux Bretonnes d’origine vietnamienne. Le narrateur se marie avec Marion. Il y a de la gîte. Marin ou peintre, l’auteur va à vau-l’eau. Cette eau chère à Bachelard n’a rien d’un rêve. Les passions se révèlent, se brouillent. Cela s’appelle prendre l’eau de toutes parts. Monsieur Frébourg, écrivain au long cours, est un homme de la mer. Sa nageuse lui échappe. Qu’il empanne ou qu’il vire de bord, il nous met la baume au cœur. Son histoire d’eau est une tempête. À bâbord comme à tribord, c’est la tempête. Pourquoi Marion lui échappe-t-elle ? L’encre est levée (celle d’une plume à la dérive), le naufrage n’est pas loin. Le livre de Frébourg est une aquarelle océanique : rapide et cruelle. C’est aussi une métaphore de la France actuelle. Quelques-uns nagent, beaucoup coulent, un seul surnage. Oceano nox ? Presque. Ce bonheur d’être triste. Avec l’ironie de l’amour déçu. Bravo, Frébourg.
F.C.
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François Cérésa a fondé, et dirige depuis 2008, le mensuel de l’actualité romanesque « Service Littéraire », Le Journal des écrivains fait par des écrivains. François Cérésa est journaliste. Il a dirigé le Nouvel Observateur et rejoint Le Figaro. Il est critique gastronomique, chroniqueur sportif et écrivain. Il a reçu de nombreuses récompenses pour ses romans : les prix Paul-Léutaud (La Vénus aux fleurs, Robert Laffont), Jean-Freustié et Charles-Exbrayat (La femme aux cheveux rouges, Julliard), Joseph-Delteil et Quartier-Latin de la Ville de Paris (Les amis de Céleste, Denoël), Cabourg (Les moustaches de Staline chez Fayard).