Vieilles canailles !

Tout le monde connaît le Farid, animal souriant et ventripotent, aussi marle que le Marsupilami, amateur éclairé de boissons fortes, qui trône dans son 122 de la rue de Grenelle. Quelques cadors de la politique y ont élu domicile, PS, UMP ou toutes autres canailles confondues, unis par le désir taraudant de faire ronfler la chaudière. L’ami Farid, canaille lui aussi, a ouvert à la Bastoche un truc mailloche, avec oeufs mayo, terrines diverses, rillettes de sardine, tartare, boeuf grillé, hamburger mastoc, baba au rhum, pour clients plus babas que bobos. Balthazar assuré dans ce quartier où l’on se titille les brûleurs. “Les petites canailles”, avec sa déco rusticoparigote, son service poildu, sa bectance chocknosof, devrait aquiger les bonbecs, du matin au soir et du soir au matin. Il y a un côté vieux rade là-dedans, cassis de lutteur, communard et brouilleménage, qui permet de se mouiller la meule en décontracte, Ravachol dans une main, Léon Bloy dans l’autre, pour quarante euros max par bille, Languedoc ou beaujol, sans se tirebouchonner le bouton sécurité. Good shot, Farido !
Les Petites canailles, 80 rue Amelot, 75011 Paris. 01 43 38 92 34. Carte : 30 €.
Puisqu’on causait bobo, “Jour de fête”, avec son intitulé Tati, est le type même de restau bidon où s’entassent des lavedus en sandales et bitos bizarroïdes. Ces zorglubs ont de la maille, ils jactent d’un air fatigué, bectent n’importe quoi, s’enthousiasment féroce du moment qu’on leur promet la cuistance de tata Hélène, super nature, un brin bio, homéo (rien dans l’assiette), peut-être en provenance du marché Raspail le dimanche, où toute une bande de zombies au teint d’endive se la pètent à des prix deux fois plus élevés que n’importe où ailleurs. “Jour de fête”, c’est l’enterrement de première classe. Le filet de rouget est trop cuit, l’encornet est nazebroque, les gambas ne valent pas un clou, le cul de porc noir manque de fesses. Ajoutons à la farce goldonesque des flacons à partir de 38 euros et vous obtiendrez un Azincourt dégustatif en tongs birmanes et chapeaux afghans. Cool, man ? Tu raques, tu bouffes mal et tu fermes ton snack-prout. Bref, un estanco à rayer de la carte, même si c’est à côté des anciennes adresses de Marcel Aymé, Céline et Louis Nucéra.
Jour de fête, 41 rue Caulaincourt, 75018 Paris. 01 77 18 04 23. Carte : 60-70 €.